Le "témoin n°1" ne reconnaît pas Colonna

Publié le par Don Popiet

Marie-Ange Contart, qui a assisté à l'assassinat du préfet Erignac, affirme qu'Yvan Colonna n'est pas le tireur.

Cette semaine, une dizaine de témoins oculaires de l'assassinat du préfet Erignac ont été entendus par la cour d'assises spéciale de Paris. Aucun d'eux n'a reconnu Yvan Colonna. Marie-Ange Contart, "témoin numéro un", n'a pas fait exception à la règle.  

Cette croupière corse, la trentaine aujourd'hui, d'une beauté à couper le souffle, était la passagère d'une voiture conduite par sa mère qui remontait la rue d'Ajaccio où Claude Erignac a été abattu de trois balles dans la nuque le 6 février 1998. "J'ai entendu des détonations, (...) je croyais que c'était des pétards." "Encore des jeunes qui viennent embêter les vieux", avance à l'époque sa mère. Cherchant des yeux d'où proviennent les bruits, elle distingue deux hommes. "Un brun et un blond."  

Seul le "blond", qui est "en train de manipuler un pistolet", retient son attention. Elle le décrit avec précision: "mince, cheveux longs, raie au milieu, poches sous les yeux, lignes qui joignent le nez aux lèvres". Séparés par une voiture, leurs regards se croisent. "Je m'en souviendrai toute ma vie", explique-t-elle à la cour avant d'affirmer avec aplomb: "La seule chose dont je suis certaine, c'est qu'Yvan Colonna n'est pas l'homme que j'ai vu" le jour de la mort de Claude Erignac.  

"La Corse avait les yeux moi"

Une version qui n'a jamais changé. Ni au cours de l'instruction, ni des cinq procès auxquels elle a été entendue. A partir du moment où elle exclut formellement le berger de Cargèse comme étant le tireur, Marie-Ange affirme ne "plus avoir été prise au sérieux". "J'avais l'impression de ne pas dire ce qu'il fallait", se souvient-elle à la barre. Et les policiers sont devenus "plus agressif avec moi". Appartement fouillé, écoutes téléphoniques, filiation et médiatisation. Le témoin, qui se décrit comme une personne "discrète qui ne sort jamais", se remémore avec douleur cette période: "La Corse avait les yeux sur moi, c'est pesant." Dans le bureau du juge d'instruction, elle fait la demande d'arrêter. "Je veux tout oublier, à part le fait que M. Colonna n'est pas celui que j'ai vu le soir du meurtre."  

Le témoin a-t-il "peur" de dire la vérité, tente Me Chabert. Le représentant de l'Etat a une hypothèse: même si la jeune femme avait reconnu Colonna le soir de l'assassinat, elle ne l'aurait pas dit aux autorités. Essai non transformé. "Je vous dis ce que j'ai vu, j'ai été éduquée comme ça, ce n'est pas Yvan Colonna que j'ai vu."  

Publié dans Actu

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