Le Clemenceau

Publié le par Don Popiet

La farce tragique du Clemenceau – trois petits tours du monde et puis s’en revient – prêterait à rire si elle n’illustrait quelques unes des contradictions majeures de notre temps ambigu et de la difficulté des has been au pouvoir à maîtriser quoi que ce soit. Passe encore l’absurdité qui consiste à désamianter à 80% dans un port français, avant de confier les 20% restants aux travailleurs indiens déjà contaminés jusqu’à l’os et qui auraient, paraît-il, l’habitude ; passe encore le jeu de bonneteau qui consiste à parer de l’étiquette " navire militaire " ce qui n’est plus qu’un déchet toxique afin d’échapper aux lois en vigueur ; que la patate maritime chaude jetée par la ministre de la Défense au président de la République, apparaisse comme un acte politicien avant une visite officielle en Inde, voilà qui peut réjouir quelques associations écolos mais en aucun cas la France. Alors que certains ports indiens reçoivent encore, hélas, toute l’amiante du monde, il est bon que nous nous en préoccupions sans faire passer des vessies lépreuses pour des lanternes glorieuses, même si la cuirasse du " Clem " n’eut pas que des défauts. Pourquoi ne prend-on pas le temps de réfléchir avant d’agir, et de se défausser sur la première entreprise venue ? J’ai parlé hier à un spécialiste du génie maritime ; il m’a dit qu’au stade où nous en étions, la meilleure manière d’en finir, eût été d’emmener le bateau dans les eaux internationales et de le couler par 5000 mètres de fond. Selon cet ingénieur, les effets de l’amiante seraient inexistants à cette profondeur d’océan et l’on se serait épargné ridicule et palinodies. Il y avait certes de l’argent à prendre avec la revente des pièces détachées ; mais, eu égard aux frais énormes de l’opération déjà entamée et à la perte d’image, cela aurait été véniel. Mieux vaut, parfois, couler que patauger.

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