Un flic parle et sa hiérarchie s'emballe

Publié le par Don Popiet

Trop indépendant ou trop bavard ? Philippe Pichon, 37 ans, commandant de police à Coulommiers (Seine-et-Marne) et auteur du livre Journal d'un flic, paru  fin mars (Flammarion), irrite fort sa hiérarchie. Celle-ci lui reproche un triple manquement, «à l'obligation de réserve, au devoir de discrétion et à l'obligation d'avis à l'autorité publique», selon les termes d'une lettre de mise en garde que lui a adressée le 20 avril la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) de Seine-et-Marne.
Philippe Pichon se voit principalement soupçonné de ne pas avoir prévenu ses supérieurs lorsqu'il assurait la promotion de son livre, au cours de laquelle il a donné une cinquantaine d'interviews en presse écrite, télévision et radio. «Faux, réplique Me Jean-Michel Baloup, l'avocat du policier, lequel ne souhaite pas s'exprimer publiquement. A chaque fois qu'il devait parler de son livre, mon client a informé sa hiérarchie. A elle de définir la faute.» Contactées par Libération, ni la DDSP de Seine-et-Marne ni la Direction générale de la police nationale n'ont souhaité s'exprimer.
La pression semble néanmoins s'accentuer sur ce policier «indélicat». Le 23 avril, une deuxième lettre de mise en garde a accusé l'officier de ne plus assez s'investir dans son travail. Puis, le lendemain, une procédure administrative a été ouverte, marquée par un entretien entre Philippe Pichon et son directeur départemental. Enfin, vendredi, le chef du commissariat de Coulommiers aurait interdit à Philippe Pichon de travailler pendant le week-end électoral, invoquant «une suspension». 
Me Baloup estime que, «sur le fond des propos tenus, tant dans le livre que lors de la promotion, on ne peut pas lui reprocher un manquement aux principes de neutralité et d'objectivité». Sollicité par Libération fin mars pour dresser un bilan de l'action de Nicolas Sarkozy Place Beauvau, Philippe Pichon estimait que, concernant cette période, «la police est restée dans l'urgence sécuritaire, dans l'action, les interpellations, la logique de production d'infractions, mais sans prendre de hauteur, en oubliant que l'objectif ultime à atteindre est la paix publique et le lien social, ce qui, philosophiquement, définit la concorde». Pas franchement insultant, voire pas stupide. Me Baloup devrait adresser dans la semaine un courrier au nouveau président de la République pour défendre la liberté d'expression.

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